« Arthrose » veut dire altération du cartilage. Le cartilage est le revêtement qui recouvre l’extrémité des os, au niveau de leur jonction avec d’autres os, c’est à dire au niveau des articulations.

Au niveau de l’épaule, c’est l’articulation entre l’humérus et l’omoplate, plus précisément entre la tête de l’humérus et la glène de l’omoplate (articulation scapulo-humérale), qui est touchée.

  • Schéma d’une épaule « normale »
  • Schéma d’une épaule « normale »

L’arthrose de l’épaule s’appelle omarthrose.

L’altération du cartilage s’accompagne toujours d’une « fabrication » d’os. On parle d’ostéophytes. La tête humérale, qui est normalement bien sphérique, devient petit à petit moins ronde, et donc « glisse » moins bien en face de l’omoplate, ce qui précipite le phénomène. Cela s’accompagne de douleurs, de blocages, de sensation d’accrochage. La raideur (limitation des amplitudes articulaires) s’installe progressivement. Au final l’humérus et l’omoplate se rapprochent jusqu’à, dans les cas les plus avancés, être quasiment fusionnés.

Il existe deux cas de figure :

  • L’omarthrose centrée : le cartilage est abimé, mais les tendons autour sont assez sains. la tête de l’humérus reste bien « en face » de l’omoplate.

L’omarthrose centrée est le plus souvent une omarthrose « primitive », c’est à dire une dégradation du cartilage lui-même, d’origine inconnue, mais probablement associée à l’age et à des facteurs génétiques. Elle peut aussi être secondaire à une instabilité de l’épaule, ou à d’autres facteurs.

  • L’omarthrose excentrée : Le cartilage est abimé mais les tendons autour aussi. Il s’agit de l’évolution ultime d’un conflit sous-acromial.Chez certains patients, après que les tendons de la coiffe des rotateurs (sus-épineux et sous-épineux) se soient avec le temps « détachés » de l’humérus, celui-ci va très lentement « monter » sous l’acromion, après de nombreuses années d’évolution. Après quelques temps, le cartilage va lui aussi se dégrader. Il existe plusieurs stades d’omarthrose excentrée (classification de Hamada). Au final l’épaule n’a plus ni tendons, ni cartilage. Parfois les patients ont gardé une épaule sans symptôme du tout, considérée comme normale, pendant longtemps, et se présentent à la consultation avec une usure de l’épaule très avancée. L’épaule a en effet la capacité de s’adapter pas à pas à l’usure, en gardant la possibilité d’être utilisée normalement. Le deltoïde peut pendant longtemps « compenser » l’absence de certains tendons de la coiffe des rotateurs, et permettre à l’épaule d’être utilisée avec des mobilités normales (on parle d’épaule « fonctionnelle »). Il existera cependant une perte de force. Dans les stades avancés d’omarthrose excentrée, l’épaule deviendra douloureuse, et va s’enraidir. Le deltoïde va avoir de plus en plus de mal à faire « monter » le bras, jusqu’à ce qu’il existe une perte de la capacité à monter le bras en avant (épaule pseudo-paralytique).

Omarthrose excentrée

Le diagnostic est en général assez aisé.

  • Interrogatoire : Les patients décrivent des douleurs progressives autour de l’épaule, assez diffuses, avec des sensations de blocage, d’accrochage, et des douleurs importantes la nuit. les symptômes ont en général débuté plusieurs années auparavant, et se sont progressivement aggravés.
  • Examen clinique : Pour l’omarthrose centrée, il existe avant tout une raideur importante, c’est à dire une limitation invincible des amplitudes articulaires. Dans les cas d’omarthrose excentrée, la douleur et la faiblesse musculaire (difficulté à lever le bras) sont prépondérants. La raideur survient dans les cas les plus avancés.
  • Examens complémentaires : Une simple radiographie suffit pour faire le diagnostic. Le chirurgien demandera un arthroscanner d’épaule pour préciser l’état des tendons et pour préparer au mieux une éventuelle intervention.
  • Omarthrose centrée
    (radiographie de Face d’épaule)
  • Omarthrose excentrée
    (stade 4 de Hamada)
  • Omarthrose excentrée
    (radiographie de Face d’épaule) stade 2 de Hamada
  • Omarthrose excentrée
    (Stade 4 de Hamada)

Comme toute pathologie en orthopédie, il existe un traitement non chirurgical (ou « médical », ou encore « conservateur »), et un traitement chirurgical.

Le traitement chirurgical est réservé à un échec du traitement médical. Cela veut dire qu’il faudra toujours débuter par un traitement médical bien conduit avant de se poser la question du recours à la chirurgie. Le but du traitement médical est la maîtrise des symptômes (en diminuant l’inflammation et donc la douleur, en rendant de la souplesse…), alors que le traitement chirurgical visera à modifier l’anatomie du patient, à « réparer » son épaule.

  • Traitement médical : Beaucoup de traitements conservateurs existent, et certains seront utiles chez certains patients et pas d’autres. Il convient donc d’associer différentes modalités pour épuiser les possibilités thérapeutiques médicales. Chaque patient aura un traitement spécifique, adapté à son problème. La première piste est de réfléchir à la manière dont on utilise son épaule, dans la vie quotidienne et le travail, et de voir si des adaptations ou des ajustements des gestes provoquant le plus souvent les douleurs sont possibles. On essaiera ensuite les antalgiques, les anti-inflammatoires, la kinésithérapie (avec notamment un travail de la souplesse, et de la physiothérapie, c’est à dire les techniques centrées sur la maitrise de la douleur, ainsi que de la balnéothérapie), la nage en piscine. On pourra aussi réaliser une infiltration intra-articulaire de cortisone. Ceci sera réalisé pendant 3 à 6 mois. Dans le cadre des omarthroses, le traitement médical est souvent utile en début de processus, pour faire « durer » l’épaule. Par contre, une fois que l’arthrose est avancée, l’épaule présente une raideur invincible, et souvent alors le traitement médical est décevant.
  • Traitement chirurgical : Il s’agit d’une intervention chirurgicale, réalisée par le Dr Bessière, dont le principe et les modalités sont développées ICI. Cela correspond à la mise en place d’une prothèse d’épaule. Il s’agit de remplacer l’articulation entre humérus et omoplate, en enlevant les zones articulaires, et en les remplaçant par une articulation mimant au mieux la nature.